La compagnie catalane Els Joglars, crée en 1962 par Albert Boadella, Carlota Soldevila, propose une critique sociale, avec ironie et fantaisie, des pouvoirs établis dans le contexte des mouvements d’indépendance régionale qui remettent en question l’armée, la politique, Dali, l’Église, et toutes les structures sociales de cette société.
Un des spectacles de la troupe, La Toma, créé en 1977, a été interdit et Albert Boadella fut emprisonné pour outrage à l’armée. Un tribunal militaire devait le juger mais il s’est évadé de façon rocambolesque. Boadella a quitté la troupe en 2012 afin de poursuivre son chemin satirique en liberté. Il a été nommé Président de Tabarnia, une région au cœur de la Catalogne, qui se veut indépendante et liée à l’Espagne, en réaction contre le nationalisme Catalan virulent.
Señor Ruiseño (Monsieur Rossignol) parle du peintre Santiago Rusiñol, né en 1861 à Barcelone, pour lequel les indépendantistes veulent créer un musée à la gloire de la Catalogne. Lui, se sentant et considérant que l’art n’a pas de patrie, défend l’indépendance de l’artiste contre les politiques qui veulent s’approprier tous ce qui peut servir à glorifier leur pays face au mouvement d’indépendance de la Catalogne qui est assez virulent actuellement.
A la proposition de consacrer une salle aux tableaux de jardins de Rusiñol ils cherchent un nom, celui qui est retenu est “jardins de catalogne et de l’étranger” car il y a évidemment peint aussi des jardins espagnols. Les personnages; Santiago Rusiñol, un jardinier, la présidente du futur musée, un journaliste qui aboie quand il entend un mot idéologiquement incorrect comme Espagne, deux autres personnages fanatiques de cette idée de la Catalogne, libre république indépendante face au peintre qui défend son idée d’universalité de la création artistique.
La découverte par un savant que le crane des catalans est plus grands et différent de tous les reste du monde, est une preuve que les catalans sont plus intelligents que tout le monde. L’hymne à la catalogne est chantée sur la musique de Faceta Negra, l’hymne fasciste italien.
Le décor est très modeste – un disque blanc au milieu de la scène sur lequel a lieu presque toute l’action. Les éléments scéniques et les accessoires sont apportés par les acteurs ;sifflets, palette de peintre, une tondeuses à gazon, un grand ruban rouge qui sert à créer des espaces ou des lieux, comme le Moulin Rouge à Paris, image surprenante et bien menée. Les projections au fond de scène en ombre chinoise complète le propos.
Les acteurs jouent plusieurs rôles en changeant juste un élément ou un accesoire. Les masques grotesques, style de la comédia del arte, servant à caractériser les personnages que le peintre rencontre à Paris, joués par les mêmes acteurs.
À la fin, la tondeuse détruit le crane catalan sans pitié. Un spectacle bien rythmé, agile, avec des inventions scéniques intéressantes et un humour féroce, une satire très forte de l’indépendance de la Catalogne, sujet très actuel et qui divise l’opinion Espagnole. Bref Els Joglars dans son rôle de fou du roi, joue avec brio
La salle rit beaucoup. Ce spectacle va tourner en Espagne mais on ne prévoit que trois représentations en Catalogne.
This article was originally posted in Capital Critics Circle in French on September 16, 2020, and has been reposted with permission. To read the original article, click here.
This post was written by the author in their personal capacity.The opinions expressed in this article are the author’s own and do not reflect the view of The Theatre Times, their staff or collaborators.
This post was written by Francois Guillon.
The views expressed here belong to the author and do not necessarily reflect our views and opinions.